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Ma vie d'écrivaine. Un plongeon dans le quotidien d'un auteur.

"Dehors, l'orage faisait rage. Sous les éléments déchainés, une petite masure au toit de chaume resistait bravement. A l'intérieur, rien ne bougeait. Tout était calme. Seule la lueur vacillante d'une bougie éclairait le coin d'une table, encombrée d'objets en tout genre. Le grattement incessant d'une plume sur le papier résonnait dans la solitude de la pièce. Une femme écrivait."

Soyons réalistes! Nous sommes bien loin de cette vision pittoresque de l'écrivain, assis bien au chaud chez lui et sourd à l'environnement hostile. Pour commencer, plus personne n'utilise de plumes pour écrire sa prose. Le seul rapport, que j'ai eu de près ou de loin avec ces bestioles, était quand ma doudoune rendait l'âme à la fin de l'hiver, libérant un flot incontrolable de duvet. Et la bougie ? Parlons-en! Elles nous servent plus lors des anniversaires ou pour les soirées romantiques en agréable compagnie (enfin, pour celles et ceux qui ont une vie sentimentale digne de ce nom...) qu'à nous éclairer !

Mais, il y a bien des choses qui resteront inéluctables dans mon existence d'auteur : mon espace de travail est et sera toujours le foutoir ! Certains s'épanouissent uniquement dans l'ordre, chaque objet à sa place, les couleurs assorties entre elles. C'est certes plus simple pour s'y retrouver mais l'inspiration n'attend pas l'ordre pour s'infiltrer à travers nos neurones agités. Alors, il faut noter. Rapidement. N'importe où. Avec n'importe quoi. Avant que l'idée s'en aille...Du ketchup sur le bord d'une assiette, un stylo dans le creux d'une main, du papier-toilette avec...Bref, vous l'aurez compris. La table toute chamboulée, ça c'est plutôt réaliste.

Et le calme, me demanderez-vous ? Bah, en fait, ça dépend, vous répondrais-je. Oui, je sais. The réponse inutile. Et pourtant, tellement vraie. Rester trop longtemps enfermé au même endroit peut être bénéfique, sous réserve qu'on ait bien rodé son plan d'écriture : les personnages, l'époque, l'univers de notre histoire. A ce moment-là, on gratte comme jamais! Au point de se faire une tendinite au poignet, de passer l'heure du déjeuner, d'oublier de récupérer notre dernier colis à la poste, d'arriver deux heures en retard à notre rendez-vous Tinder...un moindre mal me direz-vous !
Et puis, il y a ces moments de panne sèche! A côté, le désert du Sahara est une oasis de fraicheur ! Rien, vraiment rien! Comme si à l'intérieur de notre crâne, une soupière creuse avait pris la place de notre cerveau, lui-même parti en vacances aux Bahamas. 
C'est ce que l'on appelle communément le syndrome de la page blanche. Je l'ai renommé, la révelation de ma nullité absolue.
Quelle solution reste-t-il ? Sortir de ma tanière. Rencontrer du monde, des insectes (sans les avaler), des êtres vivants (les safaris clandestins sont à éviter...le but étant de rester en vie pour poursuivre mes écrits...). Récolter des idées dans les lieux communs ou atypiques. Voyager pour s'aérer l'esprit et le rendre à nouveau fertile.

Enfin, à quoi peuvent bien correspondre l'orage extérieur ? La plupart du temps, à un simple orage. Même si parfois, dans ma vie d'auteure, je dois combattre ma propre adversité à travers mes doutes, mes sentiments d'échec ( surtout quand mes précieux manuscrits sont constamment refusés), mes envies d'abandonner quand les couloirs du processus créatif deviennent trop longs à traverser.


Alors, la plume s'arrêta, laissant une large tache d'encre sur le dernier mot. La femme se leva, étirant ses poignets douloureux qu'elle avait trop sollicité, le pas encore hésitant et raide après des heures passées sur sa chaise inconfortable. Arrivée devant le cellier, elle sortit une bouteille de vin rouge. Versant généreusement le liquide à la robe rouge dans un verre à pied, elle huma son doux parfum, les yeux fermés. Le regard fixé sur la feuille, restée sur la table, elle porta le breuvage à ses lèvres assoiffées. Soudain, elle sourit. Une idée venait de traverser son esprit. Elle tenait enfin la suite de son histoire.


 

Ecriture, Writing, auteur, ecrivain

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